Chapitre un: Just watch me burnNo man chooses evil because it is evil; he only mistakes it for happiness, the good he seeks
Les poupées sur les étagères me regardaient avec un air stérile et souriant. Je n'avais jamais aimé les poupées, je préférais de loin les peluches, plus authentique, moins stéréotypés. Un gros nounours de couleur bleu valait mille fois une poupée Barbie avec des hanches de rêve, un poitrine équilibré et des fringues qui la mettaient en valeur. Non, finalement, je détestais cette chambre. Mais je me devais de faire bonne figure, ce n'était pas tout les jours que la fille la plus populaire de la cour de récréation vous invite à passer l'après-midi à la maison. Je m'étais habillé pour l'occasion, Eoghan m'avait aidé. A l'école je n'étais pas spécialement parmi les plus populaires, non, ça serait même le contraire. Le genre de fille que l'on oublie dans le fond de la classe, la fille discrète mais qui n'en pense pas moi. Je n'avais jamais réellement aimé m'incruster dans des groupes déjà construits, alors je m'étais construit mon propre groupe. Il y avait Ethan et Aleksy, Marion et Lucrézia. On étaient un peu les fantômes de l'école, toujours ensemble, on travaillaient toujours tous les cinq et en dehors de l'école on faisaient souvent de vélos ensemble. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'Hazel m'invita chez elle..J'avais été tenté de dire non, mais finalement j'avais accepté. Il ne pouvait pas m'arriver grand chose...
"Tu veux l'habiller ?" me demanda Hazel, me sortant par la même occasion de mes pensées. Je regardais quelques secondes la poupée plastique d'une laideur sans nom avant de la prendre en souriant
"Oui je veux bien, merci !" Merci...merci de me gâcher mon après-midi alors que j'aurais pu continuer de raconter ma journée à Teddy -mon ours en peluche-, j'aurais pu aller jouer dehors avec Aleksy, peut être aller acheter des bonbons avec Marion. Le corps fin et lisse de la poupée voyagea des mains d'Hazel aux miennes et j'entreprenais de l'habiller d'une robe à motifs fleuris. Puis tout c'est passé très vite, les vites ont explosés et Hzael s'est précipité dans le couloir. Sonné j'étais resté allongé sur la moquette alors que la chaleur venait me lécher le visage et les jambes. Je me suis relevé aussi vite que je pouvais avant de me rendre compte que les flammes attaquaient déjà la charpente. Affolée, j'étais affolée. Comme un lion en cage, comme un animal que l'on s'apprête à noyer. Je me précipitais dans le couloir. J'entendais les cris des autres invités en bas, des cris qui me glaçaient le sang alors que le plancher commençait à me brûler les pieds. Je ne savais pas quoi faire, j'avais peur, mon coeur battait la chamade et la sueur sur mon front collait mes mèches sur ce dernier, m'empêchant de bien voir mon chemin. Je me mise à courir vers les escaliers quand soudain une poutre s'effondra juste devant moi, me bloquant le passage. Un cri de frustration, de désespoir, de peur, d'un peu des trois m'échappa alors que je rebroussais chemin pour faire face à la fenêtre. Nous étions au deuxième étage et j'étais trop lâche pour me décider à sauter. Mon coeur cognait contre ma poitrine, comme s'il allait sortir pour se jeter lui-même du haut de la maison. Tout mon corps tremblait alors que la sueur rendait mon corps insupportablement lourd. Je sentais mes larmes sur mes joues, mes sanglots me broyer la gorge alors que j'étais persuadé que tout allait s'arrêter maintenant. Puis un cri, un appel. Je me retournais et faisais face à la poutre
"EOGHAN !" je hurlais, je répétais en criant, j'avais peur et la fumée commençait à me brouiller l'esprit. Je sentais mes jambes faiblirent alors que mes appels se transformaient en gémissement, en murmure. Mes pieds brûlaient sur le parquet bouillant alors que je tombais lamentablement au sol, ma joue rencontrant le brasier, mon corps en total adhésion avec le bois ardent.
"MEÏREAD !" je l'entendais à peine, tout était si chaud, j'avais l'impression qu'un rien pourrait à jamais me briser alors que les hurlements continuaient de s’amplifier, les murs de s'embrasser, les planchers de s'effondrer. Puis soudain, une masse qui se précipite sur moi, je sens ma peau se décoller du plancher dans un bruit écoeurant. Je n'ai même pas la force de crier, juste celle de continuer à respirer alors que mes poumons sont embrumés de fumée. Ce n'est pas Eoghan, c'est la seule remarque que mon cerveau réussit à formuler avant que je ne tombe dans l'inconscience.
Chapitre deux: I keep it in cage but I can't control itWhen I let go of what I am, I become what I might be
"Khaleb !" criais-je en me réveillant, mon corps meurtris de toute part. Mes mains viennent se poser sur le fer dans lequel est fabriqué ce qui s’apparentait le plus...à une cage.
"Ramènes ton cul poilu ici...TOUT DE SUITE !" répétais-je un ton au dessus alors qu'une masse de cheveux bouclé apparaît dans mon champ de vision. Un rictus amusé s'affiche sur son visage alors qu'il s'approche de moi. Je me laisse tomber contre les carreaux ferrés en soupirant
"Je peux savoir ce que je fous là dedans ?" Il me regarde avant de s'accroupir et de poser sa main contre la cage
"Je te protège." Je fronce les sourcils
"Tu te fous de ma gueule c'est ça ?" Il secoue le visage d'un geste négatif
"Non...ce soir c'est la pleine lune. Ta première, je veux pas que tu blesses quelqu'un..." m'avoue-t-il en finissant par s'asseoir, je m'avance vers lui, les barreaux toujours entre nous
T'as peur pour tes fesses ? T'sais je vais rien te faire hein ! Je sais me contrôler." il rigole légèrement avant de me lancer un regard dont je savais très bien la signification, il voulait dire "te fous pas de moi"
"Arrêtes un peu tes conneries...la dernière fois que tu m'as dis ça j'ai faillis me faire botter le cul par des chasseurs parce que tu t'es attaquée au retriever d'une vieille dame et qu'j'ai dû prétendre être celui qui l'a amputé d'une patte...Je veux bien te protéger Meï', mais faut pas pousser non plus !" j'affiche une moue boudeuse, croise mes bras sur mon torse et me relaisse tomber contre le fer. Le silence s'installe entre nous alors que je suis étrangement intrigué par les mouvements de balancement d'une branche contre la fenêtre. Je regarde la pièce dans laquelle je suis, c'est le salon, un peu délabré. La tapisserie se détache de partout et est grisé de par les années. C'est une vieille maison, Khaleb s'y est réfugié avec sa mère quelques jours après qu'il se soit fait mordre par un loup-garou, mordant sa mère par la suite. Se cacher, il n'avait rien fait d'autre que ça toute sa vie. Je baisse le visage et murmure
"Et si ça marche pas..." Khaleb se retourne
"Quoi ?" je relève le visage vers lui
"Et si la cage ne me retiens pas ? Si j'arrive à la casser ?" "Je ferais tout pour que tu arrives à te contrôler Meï'...je te l'ai déjà promis." "Je sais..." "T'as peur ?" un rictus amusé m'étire le visage
"Dixit le mec qui flippe rien qu'à l'idée de se faire mordre les fesses par une louve un soir de pleine lune ?" Khaleb éclate de rire, il ne s'y attendais pas, je le rejoins bientôt alors que les heures continuent de filer. En fait..si...j'ai peur.
Mon front est collé contre la cage, mes doigts serrés comme des serf d'aigle et ma bouche entre-ouverte, laissant échapper une respiration animal, un grognement continue alors que je ne veux qu'une chose...sortir.
"Khaleeeb...laisses moi sortir" il me regarde avec ses yeux d'idiot, je veux sortir ! Qu'il me laisse sortir, j'en ai besoin. Il se rapproche et s'il n'y avait pas ces barreaux je l'aurais déjà avalé.
"Je suis désolé je peux pas faire ça." un grognement plus insistant vibre dans ma gorge alors que je racle mon visage contre les barreaux
"Laisses moi sortir...je vais crever si je reste là. Je veux juste marcher, j'te promet que je peux le faire. Khaleb se baisse alors que je vois mes ongles s'allonger, j'ai l'impression de me dédoubler, comme si ce qui dormait en moi se réveillait, comme si je soufflais pour deux, comme si il n'y avait plus moi...mais
nous.
"Tu controles rien du tout Meï'...calmes toi je t'en prie !" je sens son ton hausser alors que je lui grogne dessus sans vergogne, je sens mon visage se tordre alors que j'ai l'impression de ne plus pouvoir respirer
"LAISSE MOI SORTIR !" je hurle, je frappe contre les barreaux, je grogne Je me sens capable de ronger les barreaux si cela me permet de pouvoir sortir. Puis le visage de Khaleb change, ses pupilles virent au jaune alors qu'un hurlement s'élève de sa poitrine pour venir m’érafler le corps, le visage, les tympans et le coeur. Je me ratatine dans un coin alors que je sens des larmes couler le long de mes joues. J'ai le coeur qui bat à mille alors que des milliers d'images me reviennent en tête. Des images, des cris, une odeur de cramer. Je sens mon corps s’emballer, je
le sens reprendre le dessus.
"Trouves ton ancre !" L'ancre...une partie de nous, une personne, un souvenir qui nous permet de garder notre humanité et le contrôle. Pour le peu de lucidité qu'il me reste je cherche, je réfléchis à tout allure. Puis soudain je l'ai trouvé, je sens mon coeur se calmer alors qu'
il perd un peu de son pouvoir sur mon contrôle. Je respire bruyamment, je devine le regard inquiet de Khaleb. J'ai trouvé mon ancre. Je l'ai trouvé...Eoghan.
Chapitre trois: Hear my whisper in the darkSometimes human places create inhuman monsters
"Je m'en vais..." le visage de Khaleb s'est soulevé et ce dû être la première fois dans toute ma vie que je me suis sentie aussi mal. Son regard sur moi, son incompréhension dans les yeux. Je baissais le visage avant de le relever
"Je m'en vais...Je peux pas rester là." il s'est alors levé et je suis resté bien droite, il était plus grand que moi, mais il ne me faisait pas peur, il ne me faisait plus peur.
"Je te remercie pour tout...pour ce jour où tu m'as sauvé des flammes, tout ces moments qu'on a passé ensemble. Je te remercie d'avoir convaincu ta mère de me garder avec vous. Je te remercie de m'avoir élevé...mais je dois partir." il n'a rien dit il a contenté de baisser les yeux, de se mordre la lèvre inférieur et de croiser les bras avant de demander
"Pourquoi ?" j'ai sentie sa supplique, sa détresse. Il était tout seul et j'allais le laisser comme une ingrate...
"Je peux pas rester là...je...je vais crever sur place sinon. Je peux pas rester toute ma vie dans cette maison qui pourrie sur place, je peux pas me contenter de ne te connaitre que toi ou les lapins de la forêt. Je veux pouvoir avoir des amis Khaleb, des gens à qui parler tout le long de la journée. Je veux pouvoir sortir et me dire que si je vais sonner chez tel ou tel personne je serais toujours bien accueillis. Je veux pas mourir dans ce trou...je veux pas être morte pendant cet incendie...tu comprends ?" il affirma et je lui souris, un sourire humide alors que je m’avançais pour le prendre dans mes bras. C'est à ce moment là que les siens me rejetèrent. Je fronçais les sourcils avant d'essayer de le rapprocher, c'est un grognement qu'il me servit.
"D'accord...j'ai compris..." finissais-je en me retournant pour sortir du salon, je claquais la porte du hall, sac sous le bras, quelques vêtements dedans.
"Vous le prenez ?" je finissais ma visite du logement en passant la porte par l'encadrement pour voir l'état de la salle de bain.
"Tout a été rénové ?" l'homme pencha la tête et s'approcha de moi
"En effet...vous êtes déjà venue à Kelso ?" j'affichais un sourire discret
"Oui, il y a longtemps." J'inspirais avant de me tourner vers l'agent
"Je vais le prendre !" "Parfait ! Je peux avoir votre nom ?" "Meïread." "Meïread...?" "Mclean. Meïread Mclean."