Les yeux fermés, Iagan analysait distraitement la lame de son arme tranchante. Sans un mouvement, sans sourciller, il inspecter chaque côté car ce soir, elle risquait de servir, oui, ce soir, elle allait servir. Se baissant vers sa cheville, il relève délicatement son pantalon noir afin de cacher discrètement son arme blanche dans sa chaussure de marche qu'il avait enfilé pour l'occasion. Se relevant, ses doigts parcoururent le fin tissu du rideau du salon, laissant ses yeux s’accommoder à la nuit et à la faible lumière que la lune provoquait déjà. Sans plus attendre, il s'en alla de chez, lui, ferma la porte à clé en espérant que son fils ne sorte pas ce soir, puis il se dirigea immédiatement vers les profondeurs de la forêt. En quelques pas il y fut. Il se cala contre un arbre, son dos contre le tronc et attendit. Patiemment. Qui attendait-il ? Jelyan, évidemment. Qui d'autres en ces temps de pleine lune. Ca aurait pu être Eoghan, c'est vrai, mais pas cette fois-ci. Cette fois, c'était avec sa plus fidèle partenaire, celle avec qui il n'avait aucune crainte, aucun soucis à se faire, ils s'entendaient à merveille, ils étaient souvent d'accord, il ne réagissaient pas de la même manière, certes, mais se complétaient, ce qui faisait de leur duo un duo vraiment spécifique.

En fermant les yeux, son ouïe se retrouva être son seul sens à fonctionner, à la recherche du moindre bruit. Dans sa tenue de chasseur, celle destinée pour ce genre d'évènement, entièrement équipée de couleurs sombres pour passer le plus inaperçu possible, il ne bougeait pas. Il entendait parfaitement le bruit du vent dans les feuilles, se concentrant uniquement sur les bruits, ne voulant pas laisser le temps à son cerveau d'émettre à la moindre hypothèse qui pourrait le déconcentrer, il ne le ne voulait pas, alors il y arriverait. Il suffisait que le visage innocent de son fils lui traverse l'esprit pour qu'il pense à autre chose, ce qui n'était pas bon. Il ne savait, il pourrait y rester pour bien moins que ce genre de pensées. Il n'avait pas le droit de faire ça, de laisser Malcom comme ça, il le savait pertinemment, comme il n'avait pas le droit de laisser Eykaël à son triste sort alors que sa mère l'a déjà abandonné. Et puis, il n'avait pas le droit non plus pour Jelyan. Il ne savait pas ce qu'il ressentait pour elle, mais il savait qu'il avait besoin d'elle, un besoin irrémédiable. Un besoin qui ne se contrôle pas. C'était ainsi depuis qu'il l'avait retrouvé en revenant, et cela s'était amplifié à mesure que le temps les gagnait.

En quelques minutes, il perçut de fins bruits de pas dans le feuillages qui recouvrait le sol. Il ne bougeait toujours pas, gardant les yeux fermés. Il la connaissait par coeur, il reconnaissait sa manière de marcher, parmi toutes celles qu'il avait déjà entendu. Ils avaient tellement passé d'heures, partagé tellement de choses qui ne pouvait décemment pas se tromper. « Heureusement que je suis patient. » Murmura-t-il alors qu'il savait qu'elle était là, juste en face de lui, ce qu'il confirma en ouvrant les yeux et en tombant directement sur son fabuleux visage. Un léger sourire s'étira sur ses lèvres, avant qu'il ne lève sa main pour s'emparer de la propre main de la brune pour l'amener vers lui et lui coller une légère bise sur la joue. Il se rendit compte qu'il ne lui avait toujours pas parlé de ce fameux fils de dix-sept ans qui avait débarqué il y a quelques jours dans sa vie. Un fils dont il venait d'apprendre l'existence, il savait qu'il allait devoir lui en parler pour la simple et bonne raison que Jelyan passait souvent à la maison. Valait mieux qu'elle s'attende sur quoi tomber. Alors qu'ils étaient plutôt terre à terre, très réaliste, et pas naïf pour un sous, l'enfant qu'il avait recueilli était tout l'inverse, ce qui pouvait paraitre très étrange dans un tel monde.