Katerina étant chasseuse, elle avait toutes les excuses du monde pour se retrouver à l’hôpital, en réalité, il aurait même été logique qu'elle y passe la grande majorité de son temps libre, les blessures de chasses étaient nombreuses. Mais la petite blonde ne faisait jamais les choses banalement. Non, si elle s'y était rendue aujourd'hui, c'était parce qu'elle s'était blessée au niveau de la cheville. Comment s'était-elle fait ça ? En voulait tuer une araignée. Après avoir couru à travers son appartement, armée d'une poêle à frire afin d'exterminer la fameuse bête, elle avait fini par trébucher, pour finalement se rouler par terre et taper sa propre cheville à l'aide de son arme magique en croyant y avoir aperçu l'araignée. En gros, c'était son enchaînement de maladresses qui l'avait conduite jusqu'aux urgences.

Arrivée à destination, elle avait dû raconter son histoire aux aides soignants qui, bien évidemment, n'avait pas manqué de se moquer d'elle. Autant dire qu'elle connaissait beaucoup de monde ici, et il n'y eût pas un seul infirmier qui ne l'ait jamais soignée : ils la connaissaient tous suffisamment pour se permettre de gentiment se moquer d'elle. Elle était installée dans l'une des nombreuses chambres du service des urgences dans lesquelles il n'était pas rare que plusieurs patients soient soignés en même temps. Elle s'étonnait d'ailleurs de voir qu'elle y était toujours seule, après tout, il n'y avait probablement pas qu'elle qui s'était blessée, la ville de Kelso regorgeait de maladroits. D'ailleurs, en voilà un qui entrait dans la pièce.

Assise sur son tabouret, Katerina ne reconnut pas de suite celui qui venait de passer la porte, après tout,elle ne l'avait pas vu depuis un long momen, pour ne pas dire un très long moment, mais voulant engager la conversation, elle fût bien obligée de relever la tête pour savoir à qui elle s'adressait, ce qui l'incita à se couper en plein milieu de sa phrase, sous le coup de la surprise.

« Alors, toi aussi t'as un talent naturel pour te bl.... Donan ? C'est toi ? »

Si Katerina se pensait préparée à toutes situations depuis qu'elle chassait le grand méchant loup, elle ne s'attendait pas à retomber un jour sur Donan. Il avait été une grande partie de sa vie, ou tout du moins une grande partie de son adolescence : ayant tout deux vécu à Kelso depuis l'enfance, ils s'étaient toujours fréquentés, en fait, ils avaient toujours été de très bons amis, jusqu'à ce que leur relation et leurs sentiments évoluent et qu'ils tentent de se mettre ensemble, en tant que couple. Bien entendu, Kat tenait énormément à lui, et cette liaison aurait probablement duré un bon moment si ses parents n'étaient pas décédé à la même époque. Devenue une chasseuse, comment pouvait-elle ne serait-ce qu'envisager de continuer sa vie et de fréquenter le jeune Keynes ? Il aurait été bien trop dangereux pour lui de rester aux côtés de la jolie blonde, et elle n'aurait jamais risqué la vie du jeune homme pour le simple plaisir d'être avec lui. Elle n'était pas égoïste à ce point.

Cependant, il était là, face à elle, enfin presque, puisqu'en réalité il était également quelques peu sur sa gauche, en décalé. Prise de court, elle ne savait que répondre aux quelques paroles qu'il venait de prononcer. Il avait toutes les raisons du monde de la détester, elle l'avait laissé, et ceci sans lui donner la moindre explication, mais comment aurait-elle pu ? Etait-elle censée lui jeter au visage qu'il était trop dangereux pour lui de rester auprès d'elle puisque son nouveau job était désormais de se promener dans les bois pour jeter des flèches-feux d'artifices sur les loups-garou ? Et qui aurait cru à une telle histoire ? Personne. Il aurait certainement pensé qu'elle se moquait de lui, et les choses n'en auraient été que pires. Alors, elle avait gardé le silence, et c'était ce qu'elle faisait de nouveau dans cette salle de soin : elle se taisait.

« Et te laisser tout seul ? Comme si tu étais capable de te débrouiller tout seul, regarde-toi, je suis sûre que tu t'es coupé le doigt en épluchant des légumes ! Même pas capable de couper une carotte... »

Bien entendu, Kat ne s'attendait pas vraiment à le voir sauter de joie suite à cette petite blague, mais elle tentait au mieux de détendre l'atmosphère. Elle avait toujours apprécié Donan, et le fait qu'il la déteste la blessait, après tout, elle n'avait jamais voulu que les choses se déroulent de cette façon, si elle l'avait pu, elle ne l'aurait jamais laissé. Elle avait de très bonnes raisons de l'avoir fait.

« Tu sais, j'ai jamais voulu te laisser tomber... »

Lorsque Donan avoua finalement s'être coupé en découpant du Rose Beef, Katerina fût totalement incapable de résister à la tentation : elle esquissa un petit sourire, juste sur le coin de ses lèvres. Il avait toujours eu ce don pour la faire sourire, pour l'amuser, il disait les choses de façon si sérieuses, il était si imperturbable, même lorsqu'il disait la chose la plus absurde du monde, que Kat n'avait jamais su résister à son humour. Et qui aurait pu ? Rien ne l'étonnait de lui, elle savait à quel point il était doué lorsqu'il s'agissait de s'attirer des ennuis ou de se blesser, elle l'était tout autant, d'ailleurs, ce trait de caractère qu'ils avaient en commun avait toujours été une base très solide de leur relation. Seulement, elle l'avait blessé, et elle le savait, cette idée lui faisait d'ailleurs tout autant de mal qu'elle ne lui en avait fait à lui. Donan était un garçon tellement gentil que Katerina avait eu le coeur brisé à la simple idée de devoir l'abandonner.

« Tu ne comprendras surement pas, mais je l'ai fait pour toi. Je n'avais vraiment pas le choix, si je l'ai fait, c'est parce que je tenais un peu trop à toi. »

C'était la stricte vérité, si elle avait décidé de prendre ses distances avec lui, c'est bien parce qu'elle tenait trop à lui pour prendre le risque de le mettre en danger, il ne pourrait pas le comprendre, certes, mais elle était parfaitement sincère.

Bien décidée à ne pas en rester là, la jolie blonde porta le regard tout autour d'elle, balayant la pièce du regard jusqu'à ce que son regard se pose sur une paire de béquilles posées non loin de là. Elle se tortilla alors sur son tabouret, bras tendu envers celles-ci. Encore un effort, un tout petit effort... et voilà, elle les avait attrapées. Elle s'en servit alors pour se redresser et se tenir debout. Dès lors, avec autant de maladresse qu'à l'habitude, elle se plaça à côté de son tabouret, lequel elle poussa doucement et par petits accoups en direction de Donan, à l'aide de petit coups de hanche sur le côté, ses bras étant pris par les béquilles et n'étant appuyée que sur l'une de ses jambes. Alors, après tous ces efforts et son tabouret étant enfin arrivé à la hauteur du jeune Keynes, elle s'y laissa enfin retomber, ceci alors que son regard était rivé sur sa propre cheville.

« Ma cheville, je me la suis foulée en tapant dessus avec une poêle à frire pendant que je chassais une araignée. »

« On était amis Donan, on l'était vraiment et je tenais vraiment, vraiment à toi, j'tiendrais même surement toujours à toi, mais après ce qui est arrivé à mes parents, c'était vraiment pas simple, ça n'avait rien à voir avec toi... »

Katerina était sincère, elle l'était toujours, si il y avait bien une personne de franche à Kelso, c'était elle. Parfois, elle l'était tellement qu'elle en devenait blessante. D'ailleurs, il était bien rare qu'elle fasse le moindre compliment ou qu'elle dise la moindre chose gentille, mais lorsqu'elle le faisait, tout le monde savait que c'était réel, qu'elle le pensait du plus profond de son coeur. Elle s'était alors rapprochée de Donan et lui avait expliqué la raison de sa venue aux urgences, ce qui n'avait pas manqué de l'amuser : elle s'y attendait. Il avait toujours eu cette habitude de se moquer d'elle, et étant donné qu'elle se mettait toujours toute seule dans le pétrin, il avait bien raison d'en rire.

« Elle était entrée chez moi, sans avoir frappé ! C'était un agent infiltré du FBI, j'en suis sûre, elle était là pour m'espionner... c'était de la légitime défense. »

Le regard rivé vers le plafond alors qu'elle prononçait ces quelques mots, elle finit par hocher de peu la tête, comme pour acquiescer ses propres paroles. Elle avait toujours eu horreur des araignées. Les loups, elle pouvait s'en occuper. Les araignées ? Elle finissait toujours par courir à travers son appartement en pleurant et en hurlant afin d'obtenir de l'aide. Ceci dit, elle avait récemment découvert une nouvelle technique d'approche : l'attaque longue distance au déodorant en spray. Katerina pourrait facilement être nommée LA grande tueuse d'araignées -the spider killer, pour le style.

Elle fût tout de même bien vite tirée de ses pensées alors qu'une terrible et meurtrière sensation se faisait ressentir à travers sa cheville blessée : Donan venait de la frapper, ce qui lui arracha un petit gloussement de douleur. Elle déglutit lentement. Si c'était douloureux ? Très légèrement, oui. Lui adressant un petit sourire qui, bien qu'angélique, sonnait volontairement faux, elle entreprit de lui répondre.

« Mal ? Non, non, du tout ! »

Malgré tout, Katerina croisa ses jambes, passant l'une de ses cuisses par dessus l'autre de façon à ce que sa cheville blessée s'éloigne un maximum de celui qui représentait la majeure partie de son passé : autant éviter qu'il ne tape dedans une nouvelle fois. Cependant, elle ne comptait pas en rester là : s'il voulait jouer, ils allaient jouer. D'un geste naturel, la jolie blonde vint prendre la main de Donan dans la sienne, choisissant bien évidemment celle qui était blessée. Elle la serra entre ses doigts alors que son regard se plongeait dans celui du jeune homme, un semblant de provocation et de vengeance traversant d'ailleurs ses yeux l'espace d'une seconde.

« Si tu savais ce que tu m'as manqué ! »

« Je n'en doute pas... »

Elle était restée silencieuse à propos de sa première question, il cherchait à savoir ce qu'elle cachait, et c'était bien normal, elle en aurait fait tout autant à sa place, elle chercherait probablement à comprendre. D'ailleurs, elle aurait certainement été insupportable, s'il l'avait laissée tomber, elle aurait tout fait pour savoir ce qui se passait, quitte à l'harceler si nécessaire, elle était bien trop curieuse, elle n'aurait absolument jamais laissé tomber. La relation de Donan et de Katerina avait toujours été forte. Ils se frappaient souvent, ils se vannaient la plupart du temps, mais lorsqu'ils étaient réunis, il avaient cette fâcheuse habitude de s'attirer des ennuis. Combien de fois avaient-ils dû courir ensemble pour éviter de se faire prendre ? Ils n'avaient pas compté. D'ailleurs, pourquoi devrait-ils changer cette habitude ?

Balayant rapidement la pièce du regard, Kat ne tarda pas à remarquer quelques rouleaux de bandes posés derrière elle, sur une petite étagère, laquelle elle attrapa en vitesse. Mlle. Blackwell armée d'un rouleau de bande, ce n'était jamais très bon, et notre cher Donan allait en payer les frais.

« Attends, j'vais te soigner moi ! J'ai toujours voulu être infirmière, mais il parait que j'aurais été un peu trop dangereuse pour les gens... »

Elle se saisit alors finalement du poignet de Donan autour duquel elle passa la bande, sur deux tours, avant de la faire passer autour de sa tête, encore, encore, et encore, jusqu'à ce que l'on ne voit quasiment plus que ses yeux ainsi que ses lèvres. Certes, elle n'était probablement pas autorisée à jouer avec ce matériel médical, mais aucune infirmière n'était présente pour le lui rappeler, alors pourquoi s'en priverait-elle ?

« Tu voulais connaitre mon secret ? Eh beh voilà, tu sais tout, je momifie mes copains. »

Il avait peur, et il avait bien raison de se méfier, Katerina était probablement la plus dangereuse des infirmières, mieux valait rester blessé que d'être guéri par la jolie blonde. Un véritable danger public. D'ailleurs, elle ne manqua pas de laisser un petit rire enfantin lui échapper dès l'instant où Donan criait à l'aide. Tout deux avait toujours vécu dans un monde un peu différent, tout du moins lorsqu'ils étaient ensemble. Avec lui, Kat était incapable de se comporter en adulte, et visiblement c'était réciproque.

D'ailleurs, elle devait considérer qu'elle n'avait pas causé assez de soucis à Donan puisque, perchée sur l'une seule de ses jambes, elle se précipita vers le lavabo le plus proche, à cloche pied, veillant bien à ne pas poser sa cheville blessée au sol. De ce fait, arrivée à destination, elle y récupéra un bidon de solution hydro-alcoolique.

« Cool, du savon ! »

Alors, sans trop prendre le temps de réfléchir, elle sautilla de nouveau à cloche pied jusqu'à Donan. Une fois arrivée en face de lui, elle tenta d'ouvrir le bidon de solution, mais perdant son équilibre, elle bascula en arrière et tomba tout simplement sur ses fesses, alors assise à même le sol, juste en face de celui qui avait été son ami le plus proche.

« Si il se pointe ton Ramsès, je lui ferais manger ses bandages, t'as compris ? Et je le renverrais en Egypte à coups de pelle dans les fesses, tellement qu'il en traversera le Nil à la nage. »

La seconde réplique de Donan lui parvint tout de même bien vite aux oreilles. Ils n'étaient plus copains ? Il n'y avait rien de moins sûr. Assise juste devant son tabouret, Kat lui adressa un petit regard pétillant, des plus enfantins, ce qui allait parfaitement bien avec le ton qu'il avait employé d'ailleurs, puisqu'il sonnait comme un jeune enfant.

« Tu veux plus être mon copain ? Allez s'teuplait s'teuplait s'teuplait ! »

Elle avait elle aussi employé un ton digne d'un enfant de 5 ans, et il fallait bien avouer que cette situation l'amusait, au final, elle avait un grand maximum de 6 ans d'âge mental. D'ailleurs, pendant qu'elle argumentait ses excuses dignes d'un panda unijambiste devant Donan, elle avait finalement réussi à ouvrir son bidon de solution hydro-alcoolisée, ou plutôt à le faire éclater puisqu'un jet de solution s'était précipité sur les jambes de son ami.

« Oh bah... mince. »

Katerina s'était donc retrouvée les fesses sur le sol de l’hôpital, et elle ne s'était même pas fait mal. De toute façon, même si c'était le cas, c'était très bien puisqu'elle était déjà là pour se faire soigner, alors, un peu plus, un peu moins... Seulement, Donan ne semblait pas décidé à la laisser mourir sur le sol, puisque bien qu'handicapé lui aussi il attrapa l'un de ses bras qu'il passa par dessus ses épaules.

« Tu vois qu'on est copains, tu veux déjà des câlins ! »

Alors, en deux temps trois mouvements, voilà que la jolie blonde était de retour sur son tabouret. Comment ? Elle ne le savait pas, mais tout laissait à croire que c'était Donan qui avait fait ça. Tant mieux, après tout, le sol n'était pas très confortable, c'était dur, plat, et puis... un peu trop bas. Non pas qu'elle ait quelque chose contre le sol de l’hôpital en particulier, il s'était montré charmant avec elle, non, mais tout de même, elle préférait être installée sur son tabouret.

« Et puis, je sais bien que tu laves tes vêtements, je voulais juste t'aider pour ta prochaine lessive, mi amor ! Si on est de nouveau copains j'ferais ton lit tous les matins et j'te ferais à manger ! Enfin, j'te passerais des plats cuisinés au micro-ondes ! »

Lorsque Donan lui dit de lui montrer ses mains, elle ne se fit alors pas priée et tendit ses paumes grandes ouvertes juste devant lui, attendant impatiemment qu'il y verse un peu de gel hydro-alcoolique. D'ailleurs, pouvait-elle lui faire confiance à ce sujet et être sûre qu'il ne viderait pas le flacon entre ses mains ? Probablement pas, mais elle ne pouvait rien faire de plus que d'attendre. Elle en profita d'ailleurs pour jeter un petit coup d'oeil autour d'eux, la salle semblait parfaitement rangée... sauf dans le petit coin où ils s'étaient installés. Autant dire qu'ils risquaient d'avoir des ennuis sur une infirmière débarquait.

Katerina connaissait très bien Donan, elle savait pertinemment qu'il n'était pas un garçon très rancunier et qu'il la pardonnerait probablement assez vite, pourtant elle ne voulait pas en profiter, elle détestait cette impression d'abuser de son manque de rancune, mais pouvait-elle rester loin de lui ? Sûrement pas. Elle ne pouvait cependant pas s'empêcher de culpabiliser en raison de la situation qui s'installait, elle s'en était toujours voulu d'avoir fait du mal à Donan, et bien qu'elle ait de nombreuses fois envisagé de revenir vers lui après avoir repris le contrôle de sa propre vie, elle s'était dit qu'il méritait mieux que cela, il méritait qu'elle le laisse tranquille après tout : elle en avait fait suffisamment.

Ayant alors de la solution hydro-alcoolisée dans sa main droite mais aussi dans sa main gauche, elle hésita pendant quelques secondes : devait-elle se désinfecter les mains ? Probablement, c'était le but, mais elle n'avait jamais été très banale. Alors, dans un geste parfaitement naturel, elle plaqua ses deux mains sur chacune de ses joues, lesquelles elle massa des paumes de ses mains en y étalant la solution. Ceci fait, elle écouta le discours de Donan, lequel semblait tout à coup très intéressé par sa proposition, ce qui ne l'étonnait vraiment pas.

« Des salades ? Oui, oui, t'inquiète, on fera des salades de croustis au fromage et de cacahuètes ! Ce sera un repas digne de nous ! »

Affichant un large sourire angélique, c'est avec tout autant d'enthousiasme qu'elle répondit à ses paroles suivantes.

« Ah oui, oui oui, ton doigt ça va, mais ta tête non ! »

Elle le taquinait, elle avait toujours été du genre à taquiner tout le monde, c'est vrai, mais avec Donan c'était particulier, c'était très affectueux et il le savait. D'ailleurs, probablement aurait-elle continué sur sa lancée si le cri d'une infirmière faisant irruption dans la pièce ne l'avait pas interrompue. Cette dernière fixant les deux jeunes gens, Kat s'immobilisa par réflexe, seuls ses yeux bougeant à plusieurs reprises de façon à ce que son regard alterne entre Donan et l'infirmière. Avec un peu de chance, si elle ne bougeait pas, peut-être deviendrait-elle invisible... C'était une hypothèse assez risquée, c'est pourquoi elle chuchota discrètement quelques mots à l'intention de son ami : il leur fallait un plan B.

« Est-ce qu'il faut qu'on court... ? »

La plupart du temps, il valait mieux ne pas chercher à comprendre Katerina, et ceux qui la connaissaient le savait très bien : elle avait ses réactions à elle. Certes, si elle savait parfois se montrer très mûre et réfléchie, il lui arrivait également d'avoir la capacité intellectuelle d'une petite cuillère, disons que son niveau de maturité dépendait de la personne avec qui elle se trouvait, et avec Donan, ça ne volait généralement pas bien haut. Avec lui, elle pouvait faire à peu près toutes les idioties possibles et imaginables : il avait vraiment une sale influence sur elle.

« Il faut qu'on file, la salade nous appelle... Mission lade-sa, ouaaaaais ouais ! »

Toujours est-il qu'il était temps de fuir loin de cette vilaine dame en blouse blanche. Kat avait horreur des infirmières, des hôpitaux en général en fait, bien qu'elle s'y retrouvait quasiment toutes les semaines. Seulement, un problème se posait ici : comment courir avec une cheville dans le sac ? La réponse était simple : elle allait devoir courir sur une seule jambe. Alors elle se releva de son tabouret, tentant au mieux de ne pas tomber, elle ne prit même pas la peine de se munir de béquilles à vrai dire puisqu'elle se contenta de sauter à cloche pieds en direction de la sortie. Elle tourna malgré tout la tête afin de s'assurer que Donan la suivait et elle fût -plus ou moins- surprise de le voir étalé sur le sol.

« MON POUSSIN EN SUCRE ! Lève-toi, vite, vite, debout, cours, allez cours ! C'est fini les câlins avec George, DEPÊCHE-TOI, ON VA TOUS MÛRIR ! »

Exagerait-elle ? A peine pas. Non sérieux, c'est dangereux les infirmières, faut se méfier des apparences. Kat était bien décidée à sortir de cet hôpital avant que la madame en blanc ne l'attrape, peu lui importait d'être soignée ou non, de toute façon, elle était de ces gens qui croyaient dur comme fer que tout finissait par se soigner tout seul, dans quelques jours elle ne sentirait probablement plus rien.